On ne présente pas le savon, tout le monde le connait ou plutôt croit le connaître, car le savon est en fait bien plus complexe qu’il ne paraît au premier abord.
D’un côté, le savon est un détergent. Sa fonction première, pour laquelle on l’achète le plus souvent, est de nettoyer. Le savon de toilette nettoie la peau, avec l’aide d’eau qui est son indispensable associée, il la débarrasse des salissures de toutes origines et de toutes natures. Détergent au sens propre – sans jeu de mots – le savon élimine certes une partie de la flore cutanée bénéfique, celle qui agit en protection de la peau, mais aussi et surtout les microorganismes étrangers, dont les germes pathogènes. On a pu croire que le savon avait une action antiseptique, il n’en a pas. En revanche, en chassant les germes étrangers, potentiellement néfastes, le savon permet à la flore cutanée commensale de se redéployer pour assurer pleinement son rôle protecteur.
D’un autre côté, le savon est un cosmétique de soin, il corrige les effets indésirables de la détergence. Enfin la majorité d’entre eux, et c’est pourquoi, il convient de choisir son savon avec soin – sans jeu de mots. Cette action correctrice, le savon la doit d’une part à la glycérine issue de la saponification des triglycérides, la glycérine est une substance humectante et protectrice de la peau. Il la doit d’autre part aux insaponifiables des corps gras, car les corps gras recèlent des substances qui résistent à la saponification et peuvent s’avérer être d’excellents agents cosmétiques. C’est d’ailleurs sur eux que reposent largement les propriétés des huiles cosmétiques pour le visage ou pour le corps.
Les savons se différencient ainsi par la qualité des huiles dont ils sont issus, les insaponifiables distinguant les bons des moins bons. Les insaponifiables de l’huile d’olive par exemple sont de véritables actifs cosmétiques : anti-oxydants, hydratants et émollients. Ils confèrent au savon sa juste réputation : entre un cube de savon de Marseille vert, à l’huile d’olive, et un cube de savon de Marseille blanc, les consommateurs les plus futés n’hésitent pas, ils choisissent le vert.
A contrario, les “syndets” si souvent préconisés en milieu hospitalier, et qui sont produits à partir d’acides gras purifiés, sont totalement dépourvus d’insaponifiables. Il est préférable d’en bannir l’usage régulier quand on tient à préserver sa peau.
En résumé, le savon présente deux visages, complémentaires et indissociables, celui de Mister Hyde, par son côté détergent nettoyant, et celui de Docteur Jekyll, par son côté cosmétique réparateur.
Désormais, vous ne verrez plus votre savon comme avant. Vous le choisirez sur d’autres critères que le prix, la couleur ou le parfum. Derrière Mr Hyde, vous rechercherez Dr Jekyll !
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